Les facteurs favorisant l’anorexie

L’anorexie est la perte de l’appétit. C’est une cause majeure de perte de poids, qui est fréquente chez les personnes âgées. A domicile, l’anorexie varie de 3,3% chez les femmes et 10,3% chez les hommes vivant à leur domicile. Dans les établissements d’hébergement pour personnes âgée dépendantes (EHPAD, ex-maisons de retraite), plus de 30% des résidents sont anorexiques. La fréquence de l’anorexie augmente avec l’âge (1,2).

L’anorexie des personnes âgées est associée à un mauvais état nutritionnel et à une altération de la motricité, de la mémoire et des émotions (1,2). L’appétit diminue avec la diminution de l’odorat, du goût, de l’acuité visuelle et auditive liées à l’âge, et à cause d’une alimentation monotone (2-5). Cela entraîne une diminution de la perception des aliments et du goût des aliments. De plus, les personnes âgées qui ont des problèmes dentaires réduisent leur consommation d’aliments durs tels que la viande, les légumes et les fruits crus. Elles consomment à la place des aliments mous ou mixés (6-8). Mais les personnes âgées ont du mal à percevoir et identifier les arômes mélangés (2).

La prise de plusieurs médicaments chaque jour est une autre cause d’anorexie, ainsi que l’incapacité à modifier ses habitudes alimentaires dans des conditions stressantes. Ainsi, un séjour à l’hôpital ou la vie en institution change le cadre de vie, les horaires des repas, les aliments habituellement consommés, avec souvent un manque d’aide pour manger. Au bout de quelques semaines, l’anorexie est difficilement réversible (6). Il existe un concept nouveau de dépendance iatrogène, c’est-à-dire que des personnes âgées autonomes peuvent devenir dépendantes à la suite d’une hospitalisation ou du placement en EHPAD (9).

Le lien entre anorexie et alimentation monotone

En Italie, dans une étude sur 526 personnes âgées de plus de 65 ans, des médecins ont montré que les personnes anorexiques consommaient moins dans tous les groupes d’aliments, comparées à des personnes qui mangeaient normalement. Les personnes anorexiques diminuaient progressivement leurs apports quotidiens en calories, avec une réduction importante de tous les aliments riches en protéines : 27,6% des personnes anorexiques ne mangeaient pas de viande rouge, 10,7% ne mangeaient pas de volaille, 55,6% ne mangeaient pas de poisson et 82,1% ne mangeaient pas d’œufs (2).

La mémoire influence largement les préférences alimentaires des personnes en bonne santé. La mémoire des aliments, ainsi que la perception des saveurs et des épices, diminuent avec l’évolution de la maladie d’Alzheimer (2,10). La diminution des perceptions sensorielles se traduit par une alimentation monotone, qui en retour est liée à une diminution de la quantité d’aliments consommés (11) et un plus mauvais pronostic de la maladie d’Alzheimer (12,13). Il existe ainsi des difficultés spécifiques pour nourrir les malades Alzheimer, qui nécessitent souvent une alimentation enrichie en protéines et en énergie.

Inversement :

  1. Les aliments qui peuvent être mangés debout et avec les doigts sont bien adaptés aux malades Alzheimer.
  2. Malgré les altérations de la mémoire, de l’odorat, du goût et de la vision, l’émotion dans l’instant et le plaisir de manger persistent. Emotion et plaisir doivent être encouragés chez les malades Alzheimer pour lutter contre l’anorexie et la dénutrition (10).

 

Anorexie : enrichir et varier l’alimentation

Comparées à des personnes qui mangent normalement, les personnes âgées anorexiques prennent plus souvent des repas avec une consistance molle (49,9% contre 21,7%) et des compléments nutritionnels oraux (CNO) (41,3% contre 5,9%). Pourtant, les personnes âgées édentées se plaignent souvent de la monotonie d’une alimentation molle et mixées, qui est une cause reconnue d’anorexie (11-13).

Pour lutter contre l’anorexie, il faut d’abord privilégier les aliments qui font plaisir de la personne dénutrie. Il faut aussi favoriser des repas et des collations répartis pendant la journée, même en petites quantités. Enfin, il faut essayer de donner des aliments qui apportent des protéines et de l’énergie sous un faible volume.

 Les galettes Protibis : un effet validé pour lutter contre l’anorexie

Les galettes Protibis ont été conçues pour stimuler le plaisir de manger chez les personnes anorexiques, même chez les personnes qui ont des problèmes dentaires car elles sont facilement brisées entre les mâchoires édentées. Plusieurs études cliniques ont montré que l’aspect familier, l’arôme nature et la texture croustillante des galettes Protibis plaisaient aux personnes âgées anorexiques (14-17). Les galettes Protibis ont un impact favorable sur la prise de poids et l’appétit en relation avec le plaisir de manger, même chez les malades Alzheimer (17).

Les commentaires libres des patients qui ont participé à ces études ont montré que les personnes âgées appréciaient un produit « traditionnel », « à l’ancienne », « naturel » et de petite taille. Les malades polymédiqués, à domicile ou en institution, recherchaient des aliments avec un aspect naturel pour ne pas avoir l’impression de prendre un médicament de plus. Les personnes hospitalisées recherchaient aussi un aspect et un goût familier « qui rappelle la maison » : « on dirait des galettes ordinaires ».

Contrairement aux biscuits du commerce, le goût des galettes Protibis est peu sucré à la demande de la majorité des malades anorexiques. Enfin, le plaisir de pouvoir croquer et de mastiquer était important pour les patients en régime mou ou mixé, y compris chez les malades Alzheimer (18,19). Briser à la main les galettes, par exemple dans le lait du matin en alternative à la semoule, était un plaisir. La palatabilité des galettes, trempées dans du thé ou du café, a aussi été appréciée par des malades souffrant de sécheresse buccale très sévère dans le cadre d’un syndrome de Gougerot-Sjögren ou d’une irradiation des glandes salivaires après radiothérapie anticancéreuse. Enfin, l’index glycémique a permis de donner les galettes à des patients diabétiques dénutris (20).

Articles

Chevalier M, Prêcheur I. La bouche sèche.
Bulletin de l'Association Française du Gougerot-Sjögren et des syndromes secs (AFGS).
Ressource 2014,90:3-7.

Lamure J, Brocker P, Schneider SM, Collomp T, Bertin-Hugault F, Denormandie P, Prêcheur I.
The taste of ten drugs frequently prescribed in nursing homes crushed in food: observational study with 16 healthy volunteers.
Journal of Nursing Home Research 2015,1:55-61.

Références

1. HAS : Haute Autorité de Santé. Recommandations professionnelles. Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée. Avril 2007.

2. Donini LM, Dominguez LJ, Barbagallo EM et al. Senile anorexia in different geriatric settings in Italy. J Nutr Health Aging 2011;15:775-781.

3. Morley JE. Anorexia and weight loss in older persons. J Gerontol A Biol Sci Med Med Sci 2003;58,131-137.

4. Bartali B, Salvini S, Turini A et al. Age and disability affect dietary intake. JU Nutr 2003;133:2868-2873.

5. Nijs K, de Graaf C, van Staveren WA et al. Malnutrition and mealtime ambiance in nursing homes. J Am Med Dir Assoc 2009;10:226-229.

6. Raynaud-Simon A, Lesourd B. Dénutrition du sujet âgé. Conséquences cliniques. Presse Méd 2000 ;29 :2183-2190.

7. Suzuki K, Nomura T, Sakurai M et al. Relationship between number of present teeth and nutritional intake in institutionalized elderly. Bull Tokyo Dent Coll 2005;46:135-143

8. Thomas B, Kouyoumdjian C, Duverneuil G et al. L’état bucco-dentaire des persones âgées dépendantes: bilan après 5 ans. Le Chirurgien-Dentiste de France 2011 ;1503 :33-41.

9. Lafont C, Gérard S, Voisin T et al. Reducing « iatrogenic disability » in the hospitalized frail elderly. J Nutr Health Aging 2011;15:640-655.

10. Benattar L. Finger food : redonner le plaisir de manger aux personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer. Groupe Orpéa 2011, http://www.capgeris.com/maison-de-retraite-Ministère de la santé et des solidarités. Deuxième programme national nutrition santé 2006-2010. Actions et mesures. Septembre 2006.

11. Hollis JH, Henry CJ. Dietary variety and its effect on food intake of elderly adults. J Hum Nutri Diet 2007;20:345-351.

12. Bernstein MA, Tucker KL, Ryan ND et al. Higher dietary variety is associated with better nutritional status in frail elderlypeople. J Am Diet Assoc 2002;102:1096-1104.

13. Roberts SB, Hajduk CL, Howarth NC et al. Dietary variety predicts low body mass index and inadequate macronutrient and micronutrient intakes in community dwelling older adults. J Gerontol A Biol Sci Med Sci 2005;60:613-621.

14. Prêcheur I, Brocker P, Schneider S. Development of hyperproteic and hyperenergetic cookies: a solid nutritional supplement for patients with masticatory disabilities. European Society for Clinical Nutrition and Metabolism  ESPEN2010-LB-014 2010, Nice France.

15. Prêcheur I, Brocker P, Schneider SM, Barthélémi C, Pesci-Bardon C. Compléments nutritionnels solides pour les personnes ayant des difficultés à mastiquer : enquête de satisfaction sur 30 seniors hospitalisés. Congrès International Francophone de Gériatrie et Gérontologie (CIFGG), P3.3-107, Nice 2010.

16. Solere JP, Brocker P, Schneider SM, Prêcheur I, Reichert E, Breugnon F et al. Distribution de galettes hyperprotidiques hyperénergétiques. Etude multicentrique auprès de seniors dénutris institutionnalisés : résultats intermédiaires sur 63 sujets. Journées Annuelles Francophones de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (JASFGG), P4-12.52, Paris 2011.

17. Philip JL. Lutter contre la dénutrition des malades d’Alzheimer, un exemple. Revue Geriatr 2012 ;37 :141-2.

18. Murphy C. Nutrition and sensory perception in the elderly. Crit Rev Food Sci Nutri 1993;33:3-15.

19. Nijs K, de Graaf C, van Staveren WA, de Groot LC. Malnutrition and mealtime ambiance in nursing homes. J Am Med Dir Assoc 2009;10:226-9.

20. Haute Autorité de Santé. Ministère de la santé et des solidarités. Deuxième programme national nutrition santé 2006-2010. Actions et mesures. Septembre 2006.